Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/368

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
363
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

tion de sa propre personne, qu’on ne lui en veut pas, au contraire. — Et si.par moment on sourit, on est tout de même conquis, surtout lorsqu’on pense à tous ceux qui se gobent, sans avoir le quart de ce qu’il a. Il se prend absolument au sérieux ; du reste, mettons-nous à sa place : qui n’aurait pas la tête un peu tournée ?

Ce matin, l’atelier n’a pas désempli ; le jour venant d’en haut donne quelque chose de recueilli à l’atelier très moderne ; les visiteurs ont l’air solennel et admiratif, et Carolus joue au maître avec un faux air de. Faure dans Don Juan ou Rigoletto ; va de groupe en groupe, les moustaches en crocs, le jarret tendu, la barbe diabolique, les cheveux inspirés et, de temps en temps, va écrire quelque chose à son bureau. Le regard hagard et frottant la main au front comme pour y comprimer le génie.

mais je suis toujours charmée, lorsqu’on se taille une personnalité intéressante qui vous fait penser à des temps romanesques disparus. Çe mélange de musique, de brosse et d’épée est très amusant, et si par le temps qui courl, cela prête un peu à rire, tant pis pour ceux qui rient !.Carolus Duran a raison ; d’autant plus que sọn talent justifie sa pose et ses prétentions. Et puis, c’est un ètre aimable avec toutes les femmes, à ce qu’on dit. – Il dit des banalités qui plaisent. Qu’est-ce que vous avez trouvé de beau l’autre jour au Salon ? lui ai-je demandé. Vous y étiez, que pouvait-on y regarderd’autre ?… Ou bien, comme je me plaignais de la peinture… Ahl l’art est terrible !… Vous voudriez qu’il fùt à vos pieds, comme les hommes prosternés dans la poussière. Eh bien, non ! il vous résiste et vous l’adorez. Poseur, cabotin, tont ce que vous voudrez ! Je ne Il est exagéré, c’est évident ;