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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

temps à un pastel fait le matin et qui me poursuivait, comme mauvais.

Du reste, on ne peut pas sortir comme cela… Il me faudrait deux mois au moins de monde pour m’y entrafner. Mais au fond, pensez-vous’que cela m’amuse ?.. Est-ce assez bête, assez creux, assez terne ! Et dire qu’il y a des gens qui ne vivent que de cela ! Moi, j’en voudrais rarement ; juste assez pour être dans le mouvement, mais comme les hommes célèbres par exemple, qui n’y vont que pour se délasser ; assez pourtant pour ne pas avoir l’air hottentot ou habitant de la lune.

Lundi 29 mai. — Donc hier nous sommes allées au bois avec Adeline, qui dit que nous voilà lancées dans la société la plus aristocratique de Paris, et aujourd’hui nous faisons des visites à la reine, aux deux duchesses de Fitz-James, à la comtesse de Turenne, à Mme de Briey et enfin à l’Américaine. J’ai vu Julian le matin ; il trouve le grand pastel de Dina très bien.

Mais il s’agit d’un grand tableau pour l’année prochaine

; seulement l’idée n’empoigne pas Julian, boulevardier 

et ne donnant pas là-dedans. Moi, je suis très empoignée et n’ose pas le dire, car ce n’est permis qu’à ceux qui ont du lalent d’étre empoignés, de se monter la tête sur un sujet. De ma part, c’est prétentieux et ridicule. J’avais songé à un épisode du carnaval… et j’y renonce. Ce ne serait qu’un étalage de couleur… Ce queje veux faire, je le sens profondément ; je suis prise au ceur et à la tête, et voilà des.mois déjà presque deux ans… Je ne sais pas si je serai assez forte cet hiver pour le bien faire.. Eh bien ! tant pis, ce sera un morceau de peinture médiocre, mais ca H. B. — II,

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