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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

— Oui, mademoiselle. — Mais c’est ridicule ! Je suis dans les six premières, Amélie, Zilhardt, la Polonaise sont après moi. Je suis la dernière arrivée à l’atelier, puisque je n’y suis que depuis le 3 octobre. Sapristi !

Tout le monde est venu me féliciter. Mle. Delsarte est venue me dire des choses aimables et sa seur Marie nous a nommées les deux héroïnes du concours. — Ce que vous avez là au bout de si peu de temps est mieux qu’une médaille au bout de quatre ans d’études. Un succès, et quel charmant succès ! Vendredi 30 novembre. J’ai enfin porté ma

mandoline à l’atelier et cet instrument charmant a charmé tout le monde, d’autant plus que pour ceux qui n’en ont jamais entendu, je joue bien. Et le soir, comme j’en jouais au repos et qu’Amélie m’accompagnait sur le piano, le maitre entra et se mit à écouter. Si vous pouviez le voir, vous verriez un homme ravi. — Moi, qui croyais que lamandoline était une espèce de guitare dont on grattait, je ne savais pas qu’elle chantait, je ne pouvais pas me figurer qu’on pouvait en tirer de pareils sons et c’est gracieux ! Ah ! sapristi, je n’en dirai plus de mal. J’ai passé là, le croiriez-vous, un bon moment. Ah ! c’est beau. On rira, si on veut, mais je vous assure que cela… gratte quelque chose dans le ceur. C’est drôle ! Ah ! misérable, tu le sens donc ! Cette même mandoline n’a eu aucun succès, un soir que j’en jouais chez nous devant les gens du monde, les dames et les messieurs, et pourtant c’étaient des gens qui devraient faire des compliments quand même. Beaucoup de lumières, des gilets en ceur et de la