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JOURNAL

poudre de riz, tout cela détruit le charme. Tandis que la rampe de l’atelier, le calme, le soir, l’escalier noir, la faligue, vous disposent à ce qu’il y a dans le monde de doux, de… drôle, de gentil, de charmant. C’est un métier terrible que le mien. Huit heures de travail par jour, les trajets, mais surtout un travail consciencieux et intelligent. Pardieu ! rien de plus béle que de dessinersans penser à ce quel’on fait, sans comparer, sans se souvenir, sans étudier et cela ne fatiguerait pas.

Que les journées soient plus longues et je travaillerai plus ; c’est pour retourner en Italie. Je veux ariver.

Mercredi 5 décembre. — Il a fait noir toute la journée, on ne pouvait pas dessiner et je suis allée au Louvre avec une Finlandaise, et comme elle ressemble à une institutrice anglaise, je fais le trajet à pied, enchantée du chic de mon bonnet de loutre et de mon paletot de loutre long jusqu’à terre. Ça apprend de regarder les belles choses avec quelqu’un qui sait quelque chose. Samedi 8 décembre, -Je suis allée au théâtre ; c’était très drôle, on a ri tout le temps, temps perdu que je regrette.

J’ai mal travaillé cette semaine. Ily auraitbien des tripotages d’atelier à raconter, mais je prends mon atelier par le côlé sérieux et ne m’occupe de rien d’autre, ce serait au-dessous de moi.Je regretle cette soirée ; je ne me suis pas montrée et je n’ai pas étudié. J’ai ri, c’est vrai, mais cette sațisfaction en dedans ne me sert à rien ; donc, elle m’est désagréable puisqu’elle ne m’a pas fait plaisir.