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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

chambre en chambre, on boit, on joue aux cartes. Le théâtre est désert, et l’on a en horreur tout ce qui pourrait avoirl’ombre de ressemblance avec un passe-temps intelligent.

On est extraordinairement à plat ventre devant l’aristocratie, dans cette noble contrée… Ah ! je veux m’en aller, si j’allais devenir comme ça !… Donc, pour en revenir à nos princes, que je m’obstine, au grand étonnement des Poltaviens, à traiter comme je traite tous les gens du monde, mes égaux… et comme c’est l’usage dans le monde civilisé, nos princes ne me plaisent pas trop, Pourtant le petit, cocher, – est gai, aimable et pas bête ; je ne dis parce qu’il a joué l’esprit en se fourrant sous une table chargée de fruits et de champagne, pour les faire tourner… Il est vrai qu’il a battu le cocher… Oui, mais ça s’explique jusqu’à un certain point, dans ce pays et à cet åge. — Vous croyez qu’on est étonné ou choqué ici ? Pour un autre, c’est tout simple, pour le prince R…, c’est charmant. Je veux m’en aller ! — celui qui a battu le pas ça

PARIS. Mercredi 15 novembre. Je suis à Paris !

Nous sommes partis jeudi soir. L’oncle Nicolas et Michka nous ont accompagnés jusqu’à la première station, et Paul et sa femme jusqu’à Karkoff. Nous sommes restés vingt-quatre heures à Kiew, où Julie (la fille de l’oncle Alexandre) est à l’institut. Elle a quatorze ans, elle est charmante.

Jeudi 16 novembre. —Je suis allée chez un grand docteur, un chirurgien des hôpitaux, modeste, pour qu’il ne me trompe pas. Oh ! ce n’est pas un monsieur aimable. Il m’a dît cela très simplement. JE NE GUÉRIRAI JAMAIS. Mais inconnu et