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JOURNAL

comme je venais de l’ébaucher, et très mal, et alors i me dit cela, chez lui encore, en particulier : ne suis pas Breslau, je le sais ; que j’ai besoin d’étudier, je le sais ;’mais de là à venir me dire que tout est perdu, que je ne sais plus rien, qu’il est arrivé je ne sais quelle chose… Enfin, on dirait que je n’y comprends rien, ma parole d’honneur ! Je ne le fais pas exprès. Alors quoi ! Après ma maladie à Nice, tous les efforts que j’ai faits, il les a traités d’horreurs ; mais si c’est son sentiment, c’est aussi le mien ; seulement il ne faut pas venir dire que c’est parce que je m’éparpille que je ne fais rien, que je suis sůre de moi, que je ne veux pas, que je me crois arrivée. Il ne le croit pas, c’est une dérision. bien bête, car cela m’anéantit. Si je ne fais pas en peinture de rapides progrès, comme en’dessin, ce n’est pas une raison pour me dire toutes ces infamies. Que je

Mais c’est Lundi 27 novembre. — Une élève pose pour moi, et volontiers, car je lui donnerai l’étude. Anéantie par Julian, je n’osais le demander à personne, croyant que ce serait ridicule de la part de quelqu’un qui est dans l’eau, qui ne fait plus rien, qui, etc., etc. Maintenant qu’il ne peut plus dire que je ne fais rien, parce que je travaille dans sa boutique, il dit que je fais semblant. Cela tourne à la scie. Avant-hier, il

dit qu’il n’y a que deux ans que je ne fais rien. De ces deux années, j’ai été malade cinq mois et convalescente ou fiévreuse, six. Dans ce qui reste du temps, j’ai fait le tableau du Salon, une femme grandeur nature, en plein air, en Russie ; le Vieux de Nice, Thérèse, Irma, Dina. Voilà pour les grands tableaux ; je ne compte pas les études assez nombreuses. Que ce soit