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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

mauvais, je ie veux bien, mais ce n’est pas mon cordonnier qui y a passé son temps. Enfin, il trouve que cela doit me stimuler et que c’est peut-ètre spirituel.

je ne suis pas favorisée comme Breslau, qui vit dans un petit cercle artistique et où chaque parole, chaque pas rapportent quelque chose à l’étude. Mais je vous jure que je fais ce que je peux, dans le milieu où je me trouve. On me fait perdre du temps, sans doute ; le soir, par exemple, que Breslau emploie à dessiner, à composer, — et moi je suis distraite et tiraillée par les personnes qui m’entourent.

Le milieu, c’est la moitié du talent pendant la phase où on est élève. Tout cela me donne une contenance de rage froide ou bien qui parait détachée, à force d’avoir une idée fixe. C’est exaspérant ! — Sans doute Si je ne craignais de m’attirer d’autres horreurs, je dirais que Dieu n’est pas juste. Au fait, non, pourquoi ? J’ai horreur de moi, j’ai engraissé, les épaules étaient déjà assez larges sąns cela, les bras sont forls et la poitrine grössit. Dimanche 3 décembre. Ah ! mon Dieu, donnez-moi la force de ne faire que des éludes, puisque leur avis à tous est qu’il faut que je me rende maitresse du métier ; – on fait ensuite ce qu’on veut. Je raisonne si bien, et je n’ai pas la force… Quand on sait bien son métier, tout ce qu’on fait est bien, ou à peu près, tandis qu’entre mes mains actuellement… Qu’est-ce que c’est que six mois ? ne pourrai-je patienter six mois ? oublier tout ce qui m’amuserait à peindre et ne faire que des études et ne pas perdre de temps ? La continuité d’efforts, et puis après ?… Mardi 5 décembre.— Je sors de lire d’un trait Hono- 11,

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