Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/428

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
423
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

c’est vrai ça marche, et impossible de me remettre, et le bon Dieu, qui n’est ni juste, ni bon, et qui me punira probablement encore, parce que j’ose le dire ! — Il me fait tellement peur que je vais me soumettre, soumission dont il ne me sera pas tenu compte, puisque c’est par peur.

Pourvu que… ; c’est que je tousse beaucoup et j’entends dans la poitrine des choses… Enfin, remettons tout au 44. Pourvu que je dure convenablement jusquelà ! Pas de fièvre, pas de figure tirée… C’est que c’est si difficile… Après, peut-être il sera trop tard, ça fait des progrès si vite ; les deux côtés, songez donc. Ahl misère ! Dimanche

31 décembre. — Il fait trop sombre pour peindre, nous allons à l’église. Et puis nous allons revoir l’exposition de la rue de Sèze, Bastien, SaintMarceaux et Cazin. C’est pour la première fois que je vois des peintures de Cazin, et je suis conquise. G’est de la poésie ; mais le Soir au village de Bastien ne le cède en rien à ce poète de profession appelé Cazin, et notez que Bastien a été souvent flétri du titre d’exécutant de premier ordre.

Là je passe une heure précieuse ; voilà des jouissances ! On n’a jamais fait de la sculpture comme SaintMarceaux. Les mots si souvent employés et devenus banals : C’est vivant ! sont là d’une vérité absolue. Et, en outre de cette qualité maitresse et qui suffit pour rendre heureux un artiste, il y a là une profondeur de pensée, une intensité de sentiment, un je ne sais quoi de mystérieux qui ne fait pas de Saint-Marceaux un homme d’un immense talent, mais qui en fait presque un artiste de génie.