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JOURNAL

moi, abandonnée par qui ? Et Nausicaa ? j’aime les deux.

Trois choses. Deux tableaux et une statue. Je le désire tellement que je crains les plus affreux malheurs. L’amour

ne peut pas m’absorber entièrement ; ce sera un accessoire, le couronnement de l’édifice, un superflu aimable. Enfin, nous verrons bien. Dimanche 22 juillet.— Hier soir, je me suis brûlé la poitrine, au-dessus du sein droit, àl’endroit où le poumon est malade. Je me suis enfin décidée, ce sera une tache jaune pendant trois ou quatre mois ; mais au moins je ne mourrai pas poitrinaire. Mercredi 25 juillet. —M. X… nous apporte lIes deux bustes achetés cent francs pièce. Nous le gardons à diner.

Il a l’air très mal à l’aise, tout en affectant un certain aplomb ; j’ai souffert pour lui, m’imaginant qu’il devait être très gêné. On dit qu’il est pauvre, tout ça me fait de la peine, et je suis honteuse d’avoir payé deux ceuvres d’art le prix d’un chapeau. Au lieu de me rendre plus aimable, ces sentiments m’ont fait manquer de cordialité en apparence, et j’en suis fâchée. Ce pauvre garçon a ôté son paletot au salon et l’a mis sur un divan. Il ne cause pas ; nous avons fait de la musique, cela a produit une certaine détente ; il a da ne savoir comment se tenir. Je ne lui vois pas beaucoup d’esprit ; pourtant avec le talent qu’il a, il doit être intelligent ; mais nous n’avons pas su le mettre à son aise ; du reste, c’est une nature sauvage ; il doit être très fier et très malheureux. Dans tous les cas, ce qu’il y a de certain, c’est qu’il est pauvre et que je lui ai acheté deux bustes pour