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JOURNAL

m’excuser, mais ne croyez-vous pas que maman aurait då me le dire alors ? Ah ! bien oui ! Elle a eu peur de me fatiguer, et puis des raisonnements : « Marice avec sa mère : ca les ferait rester six mois là-bas ! et si Marie reste ici, sa mère sera plus vite revenue. » Voilà les raisonnements de la famille. Hélas ! on subit toujours quelque influence, sans le savoir. · Lundi 1or octobre.

gueneff, mort il y a quinze jours, est expédié aujourd’hui en Russie. Grande cérémonie d’adieux à la gare. Discours de M. Renan, de M. About et de Vyrouboff, un Russe qui a parlé français trèės bien et a ému plus que les autres. About a parlé assez bas et j’ai peu entendu, et Renan, que je vois à travers le buste de Saint-Marceaux, a été très bien, et le dernier adieu a vibré. Bogoliouboff a aussi prononcé un discours. En somme, je suis fière de voir honorer un Russe par ces horribles orgueilleux de Français. Je les aime, mais je les méprise. Ils ont laissé mourir Napoléon à Sainte-Hélène. Ça, c’est un crime immense, monstrueux, abominable ; Notre grand écrivain Tourc’est une honte éternelle… Chez d’autres… pourtant… on a bien assassiné César. Enfin, ils ont conspué Lamarline qui, dans l’antiquité, aurait eu des autels, comme dit si justement Dumas fils. Et puis, encore un grief personnel : ils méconnaissent le talent de Bastien-Lepage. Salon, après Tourgueneff, et je ne puis voir cette peinture sans des explosions d’enthousiasme, explosions intérieures, car on croirait que j’en suis amoureuse. Meissonier ! Mais Meissonier n’est qu’un prestidigitateur ! Il

fait des choses microscopiques, de façon à vous Nous avons été au