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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

fiacre ; ou bien pourquoi ne pas peindre le brouillard sur la Seine ? Ou bien…, enfinje ne vois rien nettement et ne sais pas ce que je veux. Et pourquoi ne pas aller à Arcachon, qui ressemble à l’Orient et où je pourrai faire les Saintes femmes ? Et en même temps autant d’études qu’ailleurs ? sculpture ? Si je voyage, ma statue ne se fera pas. Pour rompre ces… indécisions, je vais peindre le brouillard sur la Seine en bâteau. Ca me fait du bien. — Et la

Je me lève à une heure du matin pour dire que j’ai enfin envie de peindre quelque chose ! C’était de n’avoir envie de rien que je souffrais. C’est comme une flamme qui monte, qui monte ; c’est comme la vue soudaine de celui qu’on préfère, une émotion, une chaleur, une joie. J’en rougis toute seule. J’ai envie de peindre la forêt avec ses feuilles flamboyantes, ses tons merveilleux d’octobre ! Et là dedans une ou deux figures. Dans le Père Jacques de BastienLepage la forêt était, à ce qu’il m’en souvient, trop avancée ; c’était dépouillé et un peu gris. Je voudrais faire rouge, or, vert… Pourtant ce ne sera pas encore là le tableau où je serai moi. Il n’y a que les Saintes femmes qui me montreront… et je n’ose pas les aborder, positivement je n’ose pas.

Allons dormir. Jeudi 1or novembre, – Je vais travailler à la GrandeJalte. Une allée d’arbres aux tons dorés, toile moyenne. — Bojidar est venu avec moi, heureusement, carje n’ai pas pensé que c’est fête et, en arrivant là, nous avons trouvé des tas de canotiers, et Rosalie aurait peut-ètre été insuffisante comme porte-respect. Du reste, pour me