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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Cela me fait songer à tout ce que je puis avoir de bon, de bien, de remarquable, et je m’en console doucement. Cela

m’a fait causer à diner avec ma famille, causer gentiment comme une personne naturelle et d’un air très calme, très gentil, comme le premier jour où j’ai relevé mes cheveux sur le front. Enfin, je ressens un grand calme, je travaillerai avec calme, il me semble que tous mes mouvements vont être tranquilles, que je regarderai l’univers avec une douce condescendance. Je suis calme comme si j’étais ou parce que je suis forte. Et patiente comme si j’étais certaine de l’avénir… Qui sait ? Vraiment je me sens investie d’une sorte de dignilé, j’ai confiance. Je suis une force. Alors… quoi ? Ce n’est pourtant pas de l’amour ? Non. Mais en dehors, je ne vois rien qui m’intéresse… C’est ce qu’il faut, mademoiselle, occupez-vous done de votre art. Jeudi 8 novembre. — Je lis dans un journal qu’à l’ouverture d’une exposition industrielle, rue de Sèze, hier, il y avait beaucoup de monde, nos grands-ducs. Je devais

Non, ne luttons plus, je n’ai pas de chance. Et cela me fait chanter en m’accompagnant de la harpe. Si j’avais été complėtement heureuse, je ne pourrais peutêtre pas travailler. On dit que les grands artistes ont tous mangé de la vache enragée ; ma vache enragée à moi, ce sont toutes ces misères qui me ramènent toujours au pied de l’art, ma seule raison pour vivre. Oh ! devenir célèbre ! y aller et j’ai laissé passer le jour. Lorsque je me vois célèbre en imagination, c’est comme un éclair, comme le contact d’une pile élecM. B, — IE.

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