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JOURNAL

vieillards, la couleur de leurs vêtements s’harmonisant avec le paysage…

Jeudi 22 novembre. L’Illustration universelle (de Russie) publie sur la première page le dessin de mon tableau (Jean et Jacques). C’est le plus grand journal illustré russe, et me voilà comme chez moi.

Et ça ne me cause pas de joie. Pourquoi ? Cela m’est agréable, mais ce n’est pas de la joie. Pourquoi ? Parce que ce n’est pas assez pour mon ambition. Si j’avais eu une mention, il y a deux ans, je me serais évanouie. Si l’on m’avait, l’année dernière, donné une médaille, j’aurais pleuré dans le gilet de Julian,.. Mais maintenant… Les événements sont logiques, hélas ! Tout s’enchaîne et se suit, tout se prépare pelit à petit. Une troisième médaille, l’année prochaine, me semblera naturelle. Si je n’ai rien, je serai révoltée. On n’éprouve une joie très vive que lorsque l’événement est inattendu, lorsque c’est en quelque sorte une surprise.

Une deuxième médaille au prochain Salon me rendrait bien heureuse parce que je n’y compte pas. Et puis, ce n’est pas une médaille qui compte, c’est le plus ou moins de succès qui l’accompagne. Samedi 24 novembre. Vendredi 23 novembre. Il

vient d’arriver quelque chose d’étonnant et qui me fait grand plaisir. Mon Pécheur à la ligne, que j’avais donné à la loterie d’Ischia, se trouve à l’hôtel Drouot, .faisant partie d’une collection de tableaux divers ; le mari d’une des femmes de chambre est venu dire avec cffarement qu’une toile signée Bashkirtseff était