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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

J’ai tenu ma parole. On a été excessivement content de moi. On a répété que cela valait la peine de travailler avec des dispositions aussi sérieuses, que j’avais fait des progrès étonnants et que dans un mois ou deux… — — Vous serez parmi les plus fortes et notez, ajouta Robert-Fleury en regardant la toile de Breslau absente, notez que je parle de celles qui n’y sont’pas. Attendez-vous, me dit tout bas Julian, attendezvous à être détestée ici, car je n’ai vu personne faire une trouée comme vous en cinq mois. Julian, dit Robert-Fleury devant tout le monde, je viens de faire les plus grands compliments à Mademoiselle, qui est merveilleusement douée. Julian, malgré son assez gros corps, semblait voltiger. Car Robert-Fleury n’est pas payé et ne corrige que par amitié, de sorte que Julian est heureux, quand les élèves intéressent le maître. Julian a assisté à la correction de l’académie (ce qu’il ne fait jamais) ; mais je l’ai vu suivre curieusement la mienne depuis lundi.

Bref, avec ma modestie ordinaire, je ne m’appesantis pas davantage sur les choses flatteuses, me bornant å constater une augmentation de cinquante pour cent d’envie chez les unes, et d’envie et d’inquiétude chez les autres.

Les autres commencent à peindre à peu près quand elles veulent ; mais comme je me suis placée sous la direction toute spéciale de Robert-Fleury, qui le veut bien ainsi, je ne fais rien sans qu’il me l’ordonne. Et aujourd’hui il m’ordonne de faire de temps en temps des natures mortes quelconques, fort simples, pour m’habituer à manier les couleurs. C’est déjà la seconde fois qu’il me parle de peindre. Je lui ferai la semaine prochaine ou l’autre, sur une M. B. — II