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Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/56

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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

troisième, parce qu’on voyait que j’avais le sentiment juste du dessin. Quant à Breslau, il paraît que son dessin était entaché de chic. Elle était loin du modėle, et il y avait par conséquent un peu de mollesse ; mais comme les professeurs sont prévenus contre les femmes, ils ont pris cela pour du chic. Heureusement pour moi, Robert-Fleury était absent ; Lefebvre et Boulanger ont jugé seuls, sans. cela on au..rait dit que j’ai été troisième [par protection de Robert-Fleury. Je

ne sais que faire de mes soirées, depuis que le cours du soir est fermé, et cela me fatigue. Samedi 6. avril.

vraiment trop, il a trouvé que la deuxième place m’était due, et que cela ne l’étonnait pas du tout. C’était bête de voir la fureur des autres.Je suis allée Robert Fleury m’encourage au Luxembourg et puis au Louvre avec Schæppi. Quand on pense que M… en sortant de chez nous, va rentrer probablement chez Iui, va rêver de mes bras, à moi ? et va penser que je pense probablement à lui. Tandis que moi, déshabillée, en désordre, les cheveux bouleversés, les souliers par terre, je me demandais si je l’avais assez ensorcelé, et que ne me bornant pas à me le demander, je l’ai demandé à Dina. Voyez, pourtant ! ô jeunesse, il y a deux ans, j’aurais pensé que cela était de l’amour. Maintenant, je suis raisonnable, et je comprends que c’est amusant lorsque vous sentez que vous yous faites aimer, ou plutôt lorsque vous croyez voir que l’on devient amoureux de vous. L’amour qu’on inspire est un sentiment à part, que l’on éprouve soi-même, et que j’ai confondu avant. Mon Dieu, mon Dieu, etj’ai cru aimer A…, avec son nez un peu gros qui rappelle celui de M… Fil l’horreur