Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/562

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
557
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

En parenté, en amitié, dans le monde, partout, on découvre le bout de l’oreille des saletés humaines : là, c’est un éclair de cupidité, là, de sottise ; là, d’envie, de bassesse, d’injustice, d’infamie ; enfin l’ami le meilleur a ses pensées cachées, et, comme dit Maupassant, l’homme est toujours seul, car il lui est impossible de pénétrer dans les pensées intimes du meilleur ami qui est en face de lui et le regarde et lui fait ses confidences sincères.

Eh bien ! l’amour accomplit le miracle du mélange des âmes… On s’illusionne, qu’importe ? C’e qu’on croit étre existe ! G’est moi qui vous le dis. L’amour fait paraitre le monde tel qu’il devrait ètre. — Si j’étais Dieu…

Eh bien ! alors ? Samedi 31 mai.

Villevieille vicnt me dire qu’on ne m’a pas donné la médaille parce que j’ai fait du tapage pour la mention l’année dernière et que j’ai traité tout haut le Jury d’idiot… C’est vrai que j’ai dit ça… Ma peinture n’est peut-être pas très large et très franche, mais, si elle l’était, le Meeting serait un chefd’æuvre. Faut-il des chefs-d’euvre pour de petites troisièmes médailles ? La gravure de Baude a paru avec un article où on dit que le public est désappointé de me voir sans médaille… Ma peinture est sèche ?  ! Mais on dit la même chose de Bastien. Y a-t-il sur la terre des gens capables de dire que le portrait de M… est plus que mon tableau ? M. Bastien-Lepage a eu huit voix pour sa Jeanne d’Arc. M. M… a eu une médaille. Et l’immense M… vient d’avoir vingt-huit voix, juste vingt plus que moi ! Il n’y a ni conscience, ni justice. — Enfin que faut-il croire ? Je suis absolument déroutée. H. D. — IJ.

47.