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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

jours arrivé quelque chose pour me reprendre à la vie. Mon Dieu, pourquoi me permettez-vous de raisonner ? je voudrais tellement croire sans conditions. J’y crois ou je n’y crois pas ; quand je raisonne je ne peux y croire. Mais dans des moments de misère ou de joie, tout au fond, la première pensée est pour ce Dieu qui est si dur pour moi. Mercredi 2 juillet.

tien, dans son alelier cette fois. Il me semble vraiment qu’il va mieux. Sa mère élait là. Elle est bien mieux que son portrait, c’est une femme de soixante ans qui en paraît quarante-cinq ou cinquante. Les cheveux sont d’un assez joli blond et presque pas de cheveux blancs, un bon sourire, enfin une femme très sympathique et qui se tient bien avec sa robe noire et blanche ; elle fait de très jolies broderies avec des dessins qu’elle invente elle-même.

— Nous avons été voir Jules BasBastien-Lepage a les deux dents du haut écartées comme moi.

Jeudi 3 juillet. Potain. Il m’a examinée assez légèrement et m’envoie aux Eaux-Bonnes. Après on verra. Mais j’ai là la lettre qu’il écrit à son collègue des eaux, je l’ai décachetée. Il y est dit qu’il y a une excavation au sommet droit, que je suis la malade la plus indisciplinée et la plus imprudente du monde.

Après, comme il n’était pas huit heures, je vais chez le petit Docteur de la rue de l’Echiquier. Ça m’a l’air d’un garçon sérieux, car il paraît désagréablement surpris de mon état et insiste très fort pour que j’aille chez un prince de la science : Bouchard ou Grancher, — Ce matin à sept heures j’élais chez etc.