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JOURNAL

Samedi 30 août. Choses sérieuses. Je ne fais rien… Depuis que le tableau de Sèvres est fini, je n’ai rien fait. Rien, sauf deux misérables panneaux. Je dors des heures entières en plein jour… J’ai bien fait ma petite étude en fiacre, mais cela fait rire. Le tableau est installé, tout est là, il n’y a que moi qui manque.

Si je disais tout ! Les craintes affreuses… Voici septembre, le mauvais temps n’est pas loin. Le moindre refroidissement peut me flanquer au lit pour deux mois, puis la convalescence… Et le lableau !  ! Ainsi j’aurais lout sacrifié et… Ah ! voici le moment de croire en Dieu et de le prier…

  • Oui, c’est la peur de tomber malade ; au point où

j’en suis, je puis en finir en six semaines avec une pleurésie quelconque. C’est ainsi que je partirai, du resle. Comme je travaillerai quand méme au tableau… et qu’il fera froid… Et si ce n’est pas en travaillant, ce sera en me promenant ; ceux qui ne font pas de peinture et qui meurent tout de même… Enfin ! La voilà donc, la fin de toutes mes misères ! tant d’aspirations, tant de désirs, de projets, tant de… pour. mourir à vingt-quatre ans, au seuil de tout ! Je l’avais prévu, Dieu ne pouvant, sans se montrer partial, me donner ce qui est nécessaire à ma vie, me fera mourir. 1l

y a des années… tant d’années ! si peu ; — et rien !

Mercredi 2 septembre. — Je fais le dessin pour le Figaro, mais avec des interruptions d’une heure, des repos… une fièvre atroce. Je n’en peux plus. Je n’ai