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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

Tout est fini, du reste. Tout est fini.

On m’enterrera en 1885. Jeudi 9 octobre. là

fièvre tout le temps. Mes médecins sont deux jolis imbéciles. J’ai appelé Potain et me suis remise entre ses pattes. Il m’a guérie une fois. Il est bon, attentionné, honnéte. Enfin, il parait que ma maigreur et le reste ne viennent pas de la poitrine ; c’est une chose accidentelle que j’ai attrapée et dont je ne parlais pas, espérant toujours que ça passerait tout seul et ne m’uccupant que de mes poumons qui ne sont pas plus malades qu’avant.

Je n’ai pas besoin de vous embêter avec mes malaVous voyez. Je ne fais rien. J’ai dies. Ce qu’il y a, c’est que je ne peux rien faire !  !  ! Rien !

Hier, j’ai commencé à m’habiller pour aller au Bois et j’ai été deux fois prête d’y renoncer, sans force. Mais j’y suis arrivée tout de même. Mme Bastien-Lepage est à Damvillers depuis lundi pour les vendanges, et bien qu’il y ait des dames autour de lui, il est content de nous voir. Dimanche 12 octobre. Je n’ai pas pu sortir. Je suis tout à fait malade, quoique pas couchée. Le médecin vient tous les deux jours, depuis la visite de Potain qui m’envoie son sous-Potain. Oh ! mon Dieu, mon Dieu, et mon tableau, mon tableau, mon tableau ! Julian est venu me voir. On a donc dit que je suis malade.

Hélas ! comment le cacher ? Et comment aller chez Bastien-Lepage ?

H. B. — Il. 50