Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/65

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
60
JOURNAL

morte. Un vase en porcelaine bleue avec un bouquet de violettes et un petit livre rouge et usé, à côté, sur une toile de 3. Comme cela je ne cesserai pas de dessiner et je m’habituerai aux couleurs en y consacrant deux ou trois heures le dimanche. Chaque dimanche je ferai quelque chose d’autre. Hier, j’ai dit des sottises à ma mère. Puis je suis rentrée dans mon petit salon où il faisait noir, et tombant à genoux, j’ai juré devant Dieu de ne plus répondre à ma mère et, lorsqu’elle me mettra hors de moi, de me taire ou de m’en aller. Elle est bien malade, un malheur est vite arrivé et je ne me consolerais jamais des torts que j’ai pu avoir envers elle,

Lundi 13 mai. Pour les places de l’après-midi on a tiré au sort qui m’avait désignée première et, comme je n’étais pas encore là, celle qui venait après moi prit la place.

Là-dessus j’arrive et Breslau me signifie que j’aie à me placer après tout le monde, ayant perdu ma place. Cela ne’s'est jamais, jamais fait, on laissait la personne placée et on se plaçait après elle, mais on n’était jamais reléguée à la queue, quoique ce soit la règle. J’ai fait demander à M. Julian. M. Julian a répondu que la règle existait, mais qu’on ne l’avait jamais appliquée et qu’il trouvait qu’il était affreux de me faire un pareil tour. J’étais partie furieuse, mais je revins pour dire que mon absence ferait trop plaisir à un tas d’imbéciles, de jalouses.

L’Espagnole vient me calmer parce que je menace de quitter l’atelier ; la bonne arrive avec des consolations et je leur réponds qu’elles n’ont pas à s’inquiéter, que certainement je travaillerai, et que je serais