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JOURNAL

arrive peu à peu, que je commence par l’amitié… Chimère !

Amour, alors ? Vous êtes insensé.

Pourquoi ? — Parce que je vous exècre. Vendredi 5 juillet.

Au Concert des bohémiens russes. — Je ne veux pas partir et laisser une mauvaise impression. Nous sommes six, ma tante, Dina, Etienine, Philippini, M… et moi. Le concert fini, nous allons prendre des glaces, et appelons deux des plus jolies bohémiennes, et deux enfants bohémiens, auxquels on donne des glaces et du vin. C’était très amusant de causer avec ces filles toutes jeunes et vertueuses ; on les surveille de près. Après, ma tante donne le bras à Etienne, Dina à Philippini, et moi, à l’autre. Nous allons à pied, jusqu’à chez nous, il fait si beau ; M… calmé, me parle de son amour….. C’est toujours la même chose, je ne l’aime pas, mais son feu me donne chaud ; c’est ce que je prenais pour de l’amour il y a deux ans i… Il en parle bien… 1l a même pleuré. En m’approchant de la maison, je riais moins, j’étais amollie par cette belle nuit, et par ce chant d’amour. Ah I que c’est bon d’être aimée !… Il n’y a rien au monde de bon comme cela… Maintenant, je sais que M… m’aime. On ne joue pas la comédie comme cela. Et s’il en voulait à mo

et puis, il y a Dina qu’on croit aussi riche, et bien d’autres filles à marier… M… n’est pas un gueux, et c’est un parfait gentilhomme. Il aurait trouvé, et il trouvera autre chose que moi. M… est bien gentil, j’ai peut-être eu tort d’oublier ma gent, mes dédains l’auraient déjà rebúté,