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JOURNAL

C’est d’une charmante couleur et la pauvre A… qui se consolait en disant que Breslau n’avait pas, la couleur, a fait une triste figure. Breslau sera un grand peintre, un vrai grand peintre, et si vous saviez comme je juge sévèrement et comme je méprise les prétentions des femelles, et leurs adorations pour R… parce que, parait-il, il est beau, vous comprendriez que je ne m’extasie pas pour rien ; d’ailleurs, à l’heure où vous me lirez, la prédiction sera accomplie. Il faut que je me force à dessiner par ceur, autrement je ne saurai jamais composer. Breslau fait toujours des croquis, des pochades, un tas de choses. Elle en faisait déjà deux ans avant de venir à l’atelier, où elle est depuis deux ans et plus. Elle y est entrée vers le mois de juin 1876, à l’époque où je me gaspillais en Russie… Misère

!  !

Lundi 23 septembre. — Julian est venu me dire que M. Robert-Fleury est très content de moi, et, récapitulant le tout, il estime que je fais des choses étonnantes pour le peu de temps, et enfin qu’il a beaucoup d’espoir et que certainement je pourrai lui faire grand honneur.

C’est bête d’écrire tous les jours quand il n’y a rien à dire. J’ai acheté dans la section russe un loup pour tapis, qui fait horiblement peur au Pincio II. Est-ce que je deviendrai vraiment peintre ? Le fait est que je ne sors de l’atelier que pour lire les histoi· res romaines à gravures, notes, cartes géographiques, textes, traductions.

C’est encore bête, personne ne s’occupe de cela, et ma conversation serait plus brillante, si je lisais des choses plus nouvelles. Qui est-ce qui s’inquiète des premières institutions, du nombre des citoyens sous