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DE MARIE BASHKIRTSEFF.

musicale, internationale. On a donné des morceaux d’Aristophane en d’affreux costumes el puis tellement abrégés, arrangés et refaits que c’était hideux. Ge qui a été superbe, c’est un récit dramatique, Christophe Colomb dit par Rossi, en italien. Quel organe, quelle intonation, quelle expression, quel naturei ! C’était mieux que la musique. Je crois que cela paraitrait admirable, même si l’on ne comprenait pas l’italien. Pendant

que je l’écoutais, je l’adorais presque. Ah ! quelle puissance que la parole, même quand elle est apprise, méme quand cela n’est pas de l’éloquence ! Le beau Mounet-Sully a récité ensuite… mais, je n’en parlerai pas. Rossi fait du grand art, c’est un grand artiste dans l’âme ; je l’ai vu à la sortie parlant à deux autres hommes, il est commun. C’est un acteur, mais un artiste à ce point doit avoir une certaine grandeur de caractère, même dans la vie de tous les jours. Je l’ai vu dans ses yeux, ça ne peut pas être un homme tout à fait ordinaire, mais le charme n’existe que tant qu’il parle… Oh ! alors, c’est merveilleux… Les nihilistes qui se moquent des arts !. Quelle affreuse existence ! Si j’étais intelligente, je saurais bien me tirer de là, mais je ne suis intelligente que sur parole et encore, rien que ma parole à moi. Où ai-je prouvé, montré mon esprit ? Samedi 5 octobre.

Fleury vient corriger à l’atelier. Eh bien, j’ai eu une peur affreuse. Il a fait oh ! oh ! ah ! ah ! oh ! ohl sur plusieurs tons différents, et puis… Vous faites de la peinture ? Pas tout à fait, Monsieur, je ne peindrai qu’une fois par mois…

C’est aujourd’hui que RobertH. B. —I