Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/99

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
94
JOURNAL

lesquels on démontre que les succès d’atelier ne veu. lent rien dire.

On est enfin arrivé à cette conclusion que les concours sont une bêtise, d’autant plus que Lefebvre a mauvais goût et n’aime que les dessins copiés bêtement sur nature, et que Robert-Fleury n’est pas coloriste. Bref, les maîtres sont incapables malgré leur célébrité, et c’est l’Espagnole, Breslau et Noggren qui l’ont jugé ainsi. Je suis bien de leur avis quand elles disent que les gloires d’atelier ne sont rien, car en voilà au moins deux sur trois qui resteront de déplorables médiocrités, tout en passant pour des artistes de premier ordre auprès des autres élèves. Moi, les élèves ne m’aiment pas du tout, mais les maitres sont contents. C’est si amusant d’entendre ces femmes dire tout le contraire de ce qu’elles disaient il y a dix mois, quand elles étaient sares d’être médaillées. en premières. C’est amusant parce que c’est une de ces comédies qui se jouent partout dans le mande, mais cela me donne sur les nerfs. Peut-être est-ce parce qu’après tout j’ai une nature honnête ?

Ces misères d’atelier m’ennuient, m’agacent en dépit de mes raisonnements. Je suis bien impatiente de les devancer en effet ! Dimanche 20 octobre.

J’ai ordonné la voiture à neuf heures et, accompagnée de ma demoiselled’honneur, Mle Elsnitz, je suis allée visiter Saint-Philippe, Saint-Thomas d’Aquin, Notre-Dame. Je suis montée tout en haut, j’ai visité les cloches, comme une Anglaise. Eh bien, voilà, il y a un Paris adorable, c’est le vieux Paris ; et l’on peut y être heureux, mais à condition d’éviter les boulevards et les Champs-