Page:Bashkirtseff - Journal, 1890, tome 2.pdf/98

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
93
DE MARIE BASHKIRTSEFF.

cela, je sais qu’il m’adore comme élève, Julian aussi. L’autre jour la Suédoise m’a donné un conseil, alors Julian m’a appelée dans son cabinet, m’a dit que je devais suivre ma nature, que la peinture serait faible.au commencement, mais que cela serait moi, « tandis que si vous écontez les autres, je ne réponds plus de rien. » Il veut bien que j’essaie de sculpter et va demander à Dubois de me donner des conseils. Pour la première fois à Paris, je me suis promenée avec plaisir. J’étais habillée, coiffée, propre, j’avais pris mon temps, je ne m’étais pas pressée. Dina restant avec maman, j’ai eu la place d’honneur. Tourner le dos aux chevaux est un supplice au lieu d’une promenade. Tous les samedis je ferai comme cela. C’est si bėte d’aller au Bois, n’importe comment. Aujourd’hui, je me suis retrouvée, j’ai eu du succès, tout le monde m’a regardée. Une robe de deuil, un chapeau de feutre à plumes, ensemble élégant, et comme il faut, et chaste. Lundi 14 octobre. — G’est bondé en bas, dit Julian, je m’en vais descendre votre académie, donnez-la-moi. Je sais bien que ce sont de petites choses, mais c’est quand même agréable.

Mercredi 16 octobre. C’est bête, mais l’envie de ces femmes me fait de la peine. C’est si petit, si vilain, si bas ! Je n’ai jamais su envier. Je regrette de ne pas étre ce qu’est une autre. Je m’incline devant la supériorité ; j’en suis fåchée, mais je m’incline ; tandis que ces créatures… ce sont des conversations préparées, de petits sourires quand on parle de quelqu’un de qui le professeur est content, des mots à mon adresse en parlant d’une autre, par