Page:Basset - Contes arabes, 1883.djvu/111

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comme tu voudras, » lui dit-il. Puis il fit venir une litière, y plaça la princesse et la transporta dans sa résidence où il l’épousa. Il conduisit ensuite une armée nombreuse contre Dâdbin, qu’il amena ainsi que son vizir et son chambellan, en présence de la reine, tandis qu’ils ignoraient son dessein. On avait construit pour elle un pavillon ; elle y entra, abaissa un rideau, et, lorsque les prisonniers furent introduits, elle leva le voile et dit : « Debout, Kardân, sur tes pieds, car il ne te convient pas d’être assis dans une pareille assistance, en présence du roi Kesra. » À ces mots, le ministre sentit son cœur se troubler ; ses articulations s’affaiblirent, il se leva plein de frayeur. La reine reprit : « Comment te trouves-tu dans cette situation ? et toi qui passais pour dire la vérité, qui t’a poussé à me calomnier, à m’exiler de ma demeure, à m’éloigner de mon mari et à causer, par tes calomnies, la mort d’un homme fidèle ? Ce n’est pas là un cas où le mensonge soit permis et la ruse légitime. »

Le vizir, qui avait reconnu Aroua et écouté ces paroles, s’aperçut que la calomnie ne lui avait été d’aucun profit et que la