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terrogée sur la provenance de ce fruit, raconta que la tortue, sa mère, prenait toutes les nuits un grand sac et un peu avant le jour, le rapportait plein de ces fruits délicieux et nourrissants.

Le chien, instruit de ce fait par son petit, et connaissant le mauvais caractère de la tortue, se garde bien de lui demander son secret. Il profite du sommeil de la tortue pour attacher un sac rempli de cendres auquel il a fait un trou. Et le lendemain, il suit sa trace. Il arrive à un grand arbre et la surprend comme elle remplissait son sac.

— Malheureux ! que fais-tu ici, lui dit-elle dès qu’elle l’aperçut ; cet arbre appartient au chef du village que tu peux voir d’ici et, s’il te surprenait, il te tuerait. Puisque tu connais mon secret, ne le révèle à personne ; nous partagerons. Mais observe le plus profond silence, de crainte que le méchant chef ou l’un de ses enfants ne s’aperçoive de notre présence en ces lieux.

Le chien promet de ne pas aboyer ; mais voici qu’un coup de vent secoue les branches du manguier et qu’un énorme mangot tombe droit sur le nez du chien qui pousse un hurlement plaintif.

— Nous sommes perdus, dit-il en détalant.

La tortue le sait bien ; elle fait tous ses efforts