de l’armée, et disna avesques nous. Pendant le disner, Colovich et moy fismes brouderchaft[1] avesques grandes protestations d’amitié ; et apres disner, le docteur Pets luy conta devant moy ce quy estoit du Rosworm et de moy, et que, puis que nous estions freres, qu’il falloit qu’il me maintint en l’armée et empeschat que le Rosworm ne me fit aucun desplaisir : ce qu’il me promit et jura de faire de tout son pouvoir quy n’estoit pas sy petit qu’il n’eut mille chevaux allemands du regiment d’Austriche, qu’il commandoit, outre douse cens Hongrois dont il estoit colonel ; et que son frere Ferdinand de Colovicht avoit quinse cens lansquenets ; qu’au reste le Rosworm estoit hay en l’armée, et qu’il n’oseroit rien entreprendre ouvertement, car ce seroit une mechanceté trop manifeste ; et que, pour le reste, je viendrois loger en son quartier, ou il empescheroit bien toute sorte de supercherie ; qu’il retourneroit le lendemain a l’armée, qu’il luy diroit qu’il m’auroit veu a Vienne, et qu’il pressentiroit s’il auroit aggreable que je le visse, et qu’au pis aller il me tiendroit en son quartier des Hongrois, et que nous ne nous soucierions pas de luy.
Le landgraf de Hessen de Darmestat[2] estoit arrivé depuis peu a Vienne pour aller a l’armée, et avoit
- ↑ Bruderschaft, c’est-à-dire fraternité : Bassompierre et Colovitz se jurèrent amitié fraternelle.
- ↑ Louis V, le Fidèle, landgrave de Hesse Darmstadt, fils de Georges Ier, le Pieux, auteur de la ligne de Hesse Darmstadt, et de Madeleine, fille du comte Bernard de Lippe ; né en 1577, mort le 27 juin 1626.
nombreux exploits dans cette guerre sans fin que l’Empereur soutenait en Hongrie contre les Turcs.