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1608. octobre.

proche de luy, je mis un genouil en terre, et luy pris la main, que je luy baisay ; et luy, m’embrassant, me tint un assés long temps en cet estat : apres quoy il me dit que je ne me misse pas en peine de cela ; et qu’avant que me parler, il avoit voulu pressentir l’intention de sa fille, quy estoit tres disposée a faire toutes les volontés de son pere, et particulierement en celle-la quy ne luy estoit pas desagreable.

Lors Mrs d’Espernon et de Roquelaure approuverent le choix que monsieur le connestable avoit fait de ma personne, luy en disant plus de bien qu’il n’y en avoit, comme aussy Zammet, la Cave, et du Tillet Girard ; puis m’embrasserent tous, louant le choix de monsieur le connestable, et mon bonheur. En suitte monsieur le connestable leur dit qu’il n’estoit pas a propos d’esventer cette affaire, et qu’il la confioit a leur secret jusques a ce qu’il fut temps de la divulguer ; parce qu’il n’estoit pas allors aux bonnes graces du roy pour n’avoir pas voulu consentir au mariage que le roy vouloit faire de Mr de Montmorency[1] avec Mlle de Verneuil[2], sa fille. Ils luy promirent tous de n’en point

  1. Henri II, duc de Montmorency et de Damville, fils de Henri Ier, duc de Montmorency, connétable de France, et de Louise de Budos, sa seconde femme ; né le 30 avril 1595, décapité à Toulouse le 30 octobre 1632.
  2. Gabrielle Angélique, légitimée de France, fille de Henri IV et de la marquise de Verneuil, fut mariée le 12 décembre 1622 à Bernard de Nogaret, duc de la Valette, et mourut le 24 avril 1627.
    Le Roi voulait substituer Mlle de Verneuil, comme épouse du jeune Henri de Montmorency, à Mlle de Vendôme, fille de Gabrielle d’Estrées, que la maison de Longueville demandait pour le