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1613. novembre.

repartit fort noblement[1], et demanda a la reine moyen et heure que je luy peusse parler. Elle luy donna sa galerie, au retour de son promenoir, parce, a mon avis, qu’a ces heures là le marquis ny sa femme n’estoint point d’ordinaire pres d’elle ; et ce quy me le fait croyre est que toutes les fois que l’on ouvroit la porte de la galerie, elle se tournoit pour voir s’ils n’entroint point. Je luy parlay assés longtemps et bien hardiment, me plaignant au lieu de m’excuser ; et la reine me fit paroistre de la bonté mesme dans son courroux ; et luy ayant dit que sy c’estoit pour ne me point donner la charge de premier gentilhomme de la chambre, qu’elle m’avoit promise, ce qu’elle en faisoit, que je l’en quittois pourveu qu’elle me fit la grace de me croyre ce que j’estois, fort homme de bien et incapable de manquer jamais au tres humble service que je luy avois voué, elle se fascha de ce discours, et me dit qu’elle n’estoit pas personne a manquer a ce qu’elle m’avoit promis, qu’elle observeroit sans faute ; et que selon que je me gouvernerois a l’avenir, elle auroit connaissance sy ses soubçons estoint vrais ou faux, et ainsy se separa de moy quy demeuray huit ou dix jours en cet estat la sans amendement, et elle ne me parlant point.

En ce mesme temps Mr  le Grand revint a la court, quy fut bien veu du roy et de la reine (novembre)[2].

  1. Le duc de Guise repartit.
  2. Suivant la correspondance de Malherbe, le grand écuyer arriva à Fontainebleau le 26 octobre. Le voyage de la reine avait été antérieur : elle était arrivée à Paris le 16 octobre.