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journal de ma vie.

tant president du conseil de guerre et mareschal de France, il avoit souffert Mr le comte d’Auvergne le preceder dans le conseil, et que nous quy n’estions rien de tout cela, ne l’avions pas voulu endurer, ains luy en avions voulu faire le reproche et la honte. Il nous dit qu’il n’y avoit pas pensé, mais que sy Mrs de Saint Geran et la Curée, Crequy et Bassompierre, luy vouloint promettre de l’assister, car nous quattre avesques nos trouppes estions les maitres[1] du Louvre, qu’il le tueroit [l’apres disner][2] s’il y revenoit pour se mettre au dessus de luy, ce que les autres luy promirent, et moy a plus forte rayson, estant son neveu[3] et interessé dans son honneur. Mais Mr de Pralain me dit en suitte :

« Ce que Mr le mareschal de Brissac a proposé de faire est genereux ; ce qu’il a désiré de vous autres est convenable, et ce que vous luy avés tous quattre promis, est digne de vous. Neammoins il est de nostre devoir de l’empescher, et faut que de bonne heure on advertisse la reine qu’elle previenne cet inconvenient, deffendant audit comte d’Auvergne de se trouver a ce conseil, ou le rompant puisqu’elle ne l’a estably que pour faire l’estat de l’armée qu’elle veut mettre sur pié, ce quy a esté résolu en ces deux conseils : ou s’il en faut tenir quelque autre, que ce soit en sa presence ; car nous ferions un grand oultrage au roy et a la reine, que nous pouvons esviter ; par nostre discorde nous hausserions le chevet aux malcontens abattus, et

  1. Les précédentes éditions portaient : les messieurs.
  2. Inédit.
  3. Voir t. I, p. 59, note 4.