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1616. septembre.

ce desordre pourroit en mesme temps estre suivy de la delivrance de Mr le Prince prisonnier au Louvre. »

Je luy dis que je trouvois son avis tres bon, mais que mon eage, la parentelle que j’avois avec monsieur le mareschal, et l’interest ou j’estois embarqué, m’empeschoint de le faire. Il me dit qu’il n’en vouloit pas seulement parler a moy, mais aussy a toute leur compagnie, ce qu’il fit a l’heure mesme et leur dit :

« Messieurs, dans la ferme et haute resolution que nous venons de prendre de tuer un prince dans le Louvre et quasy entre les bras du roy et de la reine au millieu de son conseil, nous fortifians pour cet effet des gens de guerre que ces messieurs ont sous leurs charges a tout autre effet que celuy a quoy ils les destinent maintenant, nous n’avons point regardé le roy ny ses interests, encores moins l’estat des affaires presentes ny le bien de l’estat a quoy nostre entreprise repugne directement. Je suis d’avis avesques tous vous autres que sy le comte d’Auvergne revient au conseil, luy quy est[1] condamné a mort pour les causes contenues dans son arrest et dont il n’est ny desclaré innocent ny absous, ny restably en sa bonne fame et renommée, nous nous y opposions et que nous contribuions de nostre vie au dessein de monsieur le mareschal. Mais il me semble que sy[2], en advertissant la reine de ne l’y faire venir et de luy commander qu’il s’en deporte, ou qu’elle ne face plus tenir de conseil pour esviter l’inconvenient quy en pourroit arriver, que nous ferions nostre devoir et que nous pre-

  1. Il y avait dans les précédentes éditions : étant.
  2. Sy, cependant.