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journal de ma vie.

et le roy peu devant la Toussaints tomba malade de sorte que la veille de la Toussaints il luy prit une foiblesse avec une convulsion que l’on apprehendoit se devoir degenerer en apoplexie, et on craignit que sy elle luy revenoit[1], elle ne l’emportat. En effet ce n’estoit rien ; mais a ces testes sy precieuses on craint tout. La reine mesmes sur ce que l’on luy dit du mal, me commanda de me tenir cette nuit là au Louvre pour y ammener en diligence les Suisses en cas qu’il en mesavint. Mais le matin le roy se portant bien et ayant bien dormy, on fut delivré de peine (novembre).

Je partis le lendemain de la Toussaints pour aller recevoir les Suisses. Et parce que Mr de Nemours estoit avec une armée que le roy d’Espaigne avoit levée sous son nom et luy faisoit conduire contre le duc de Savoye[2], le roy avec quy le duc estoit en parfaite intelligence, prit soin de sa conservation, commanda a Mr le Grand avec quelques trouppes de s’acheminer en Bresse et d’apporter tout l’ayde qu’il pourroit a Mr le prince de Piemont quy gardoit la Savoye pendant que son pere deffendoit le Piemont

  1. Dans les précédentes éditions il y avait : venoit.
  2. Le duc de Nemours, séduit par les promesses du gouverneur espagnol de Milan, qui lui faisait espérer l’investiture du duché de Savoie, avait tourné contre son cousin Charles-Emmanuel les troupes qu’il avait levées pour l’appuyer dans ses démêlés avec l’Espagne. Mais sa petite armée s’était débandée, et après plusieurs tentatives inutiles, il s’était trouvé heureux de traiter avec le duc de Savoie par l’entremise de M. de Bellegarde. L’accord entre le prince de Piémont et le duc de Nemours fut signé le 14 novembre. (Histoire de Louis XIII, par Levassor, liv. IX. — Histoire de la mère et du fils, année 1616. — Memorie recondite de Vittorio Siri, t. III).