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1616. décembre.

a nos enfans, ce que je ne feindray[1] point de vous dire et de le vous faire voir. Nous avons pour un million de livres au moins de biens stables[2] en France, au marquisat d’Ancres, Lesigny, ma maison du faubourg, et celle cy ; j’ay racheté nostre bien de Florence quy estoit engagé et en ay pour cent mille escus en ma part, et ay encores deux cens mille escus a Florence et autant a Rome ; j’ay pour un million de livres encores, outre ce que nous avons perdu au pillage de nostre maison, en meubles, pierreries, vaisselle d’argent, et argent comptant ; ma femme et moy avons encores pour un million [de livres][3] de charges, a les vendre a bon prix, en[4] celles de Normandie, de premier gentilhomme de la chambre, d’intendant de la maison de la reine, et de dame d’attour, gardant mon office de mareschal de France ; j’ay six cens mille escus sur Fedeau, et plus de cent mille pistoles d’autres affaires[5]. N’est ce pas, Monsieur, de quoy nous contenter ? Avons nous encores quelque chose a desirer sy nous ne voulons irriter Dieu quy nous avertit par des sinnes sy evidens de nostre entiere ruine ? J’ay esté toute cette aprèes disnée avesques ma femme pour la conjurer de nous retirer ; je me suis mis a genoux devant elle pour tascher

  1. Il y avait aux précédentes éditions : faudrai.
  2. Immeubles. — Il y avait : établis.
  3. Inédit.
  4. Il y avait : sans.
  5. La plupart des éditions précédentes portaient ici : Je n’y compterai pas la bourse de ma femme. Cette phrase ne se trouve pas dans le manuscrit original.