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1617. avril.

duquel il estoit, quy n’en fut pas moins estonné, et s’entreparlerent quelque peu. En fin je les pressay de nous dire ce que c’estoit, et ils nous dirent que le matin a onse heures le mareschal d’Ancres avoit, du commandement du roy, esté tué par Vittry ; et pria à Mr de Rohan et a moy de luy conseiller ce qu’il avoit a faire en cette occasion. Je luy demanday sy le roy ou la reine luy avoint rien mandé. Il me dit que non. « Il me semble, luy dis je, que vous devés aller visiter vos quartiers, et que les chefs en soint avertis par vostre bouche, lesquels vous prierés de contenir leurs gens en estat, attendant que le roy vous aye envoyé ses commandemens. » Il me pria de luy vouloir accompagner, ce que je fis. Il avoit envie de faire discontinuer l’ouverture de la tranchée que Mr de Saint Luc commençoit a l’heure mesme ; mais je l’en dissuaday luy disant qu’il fit toujours son devoir jusques a ce que l’on luy mandat le contraire. Sur les trois heures du matin Tavannes arriva[1], quy apporta a Mr le comte d’Auvergne ordre de superseder tout acte d’hostilité contre la ville de Soissons. Le soir les ennemis furent mieux advertis que nous[2] ; car dès que j’estois sur le bord de leur fossé ou ils ne nous tirerent jammais, ils nous dirent que nostre maitre estoit mort et que le leur l’avoit tué : mais je ne compris point pour l’heure ce qu’ils vouloint dire.

Nous partimes le lendemain mardy 25me de bonne

  1. Claude de Saulx, comte de Tavannes, fils de Guillaume de Saulx, comte de Tavannes, et de Catherine Chabot, sa première femme, mort en 1638. Il était petit-fils du maréchal de Tavannes.
  2. C’est-à-dire : avaient été mieux avertis.