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1617. septembre.

Le roy [revint à Paris et][1] ayant eu advis que Bournonville[2] par le moyen de Barbins avoit quelque intelligence avec la reine mere bien qu’il commandat sous son frere a la Bastille, l’en sortit et le mit en prison. Et a quelques jours de là un matin le roy me commanda de faire tenir proche de la porte Saint Antoine trois compagnies de Suisses ; ce que je fis : et Mr le Prince quy m’aperceut les y mener, de sa fenestre, prit opinion que l’on le vouloit mettre entre mes mains, dont il tesmoygna du ressentiment ; ce qu’ayant sceu, affin de luy lever cet ombrage, je ne voulus point parestre. Ces trouppes avesques deux compagnies françoises et cinquante gensdarmes et autant de chevaux legers le menerent au bois de Vincennes ou il

    giné de dénoncer à Luynes plusieurs princes et seigneurs comme voulant se défaire de lui et de Déageant, sa créature, et rappeler la reine-mère. Il accusa enfin le duc de Vendôme d’avoir formé le dessein d’empoisonner le roi lui-même avec Luynes, dans une collation. La fourberie fut découverte et Geniers fut condamné à mort. C’est du moins ainsi que Déageant raconte cette intrigue singulière, sur laquelle il s’étend parce que « ce fait, dit-il, a esté imprimé tout autrement qu’il ne s’est passé. » (Mémoires de monsieur Déageant, pp. 74 et suiv.) La mère de Geniers, Hélène de Hermant, allégua inutilement en sa faveur l’excuse de la démence (Manuscrits de Dupuy, no 92, fol. 93.) — La mention du supplice de Geniers, ajoutée en interligne par l’auteur, est prématurée : il fut arrêté seulement le 13 septembre, et exécuté huit jours après la fête de saint Côme, c’est-à-dire le 4 octobre.

  1. Inédit.
  2. Jean de Vaudetar, seigneur de Bournonville, était frère de Henri de Vaudetar, baron de Persan, et tous deux fils de Louis de Vaudetar, baron de Persan, et d’Anne Nicolay, dame de Bournonville. Le baron de Persan, qui avait épousé, le 2 février 1617, Louise de l’Hospital, sœur de Vitry, avait reçu de Luynes la lieutenance de la Bastille et la garde du prince de Condé.