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journal de ma vie.

demeura plus de deux ans depuis[1]. Les gardes françoises et suisses demeurerent dans le chasteau jusques a ce que huit compagnies du regiment de Normandie nouvellement estably et mis sur pié les fussent venues relever[2].

Peu de jours en suitte Mr de Persan quy estoit demeuré gouverneur de la Bastille fut soubçonné d’avoir sceu la pratique de Bournonville son frere et fut mis prisonnier[3]. Le roy me mit dans la Bastille avec soissante Suisses, ou je demeuray huit ou dix jours (octobre) au bout desquels le roy m’ayant commandé de mettre la place entre les mains [de Mr de Brante frere][4] de Mr de Luynes, a quy il en avoit donné la capitainerie[5], je luy resignay.

Novembre. — Il y eut un jubilé extreordinaire que

  1. Mr le Prince fut mené de la Bastille au bois de Vincennes le 15me septembre.
    (Addition de l’auteur.)
  2. Le régiment de Normandie, formé à la fin de l’année 1616, avait eu pour premier mestre de camp le jeune comte de Pène, fils du maréchal d’Ancre. Cadenet fut mis en sa place après l’assassinat du maréchal, et grâce à lui, le régiment nouveau prit bientôt la première place après les quatre vieux corps.
  3. Il semble que Bassompierre anticipe encore ici sur les événements. Luynes laissa durer quelque temps la correspondance de Barbin avec la reine-mère, dont il tenait tous les fils par ses agents secrets ; et ce fut seulement par un arrêt du 30 août 1618 que Bournonville fut condamné à mort, Persan à l’exil de la cour, et Barbin au bannissement. Bournonville et Persan obtinrent grâce ; mais Barbin fut au contraire retenu arbitrairement en prison. On peut lire l’arrêt dans les manuscrits de Dupuy (no 92, fol. 125.)
  4. Inédit.
  5. La reine-mère avait été obligée de se démettre, en faveur de Luynes, de la capitainerie de la Bastille.