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1620. juin.

ambigües quy augmenterent le soubçon du roy. Mr de Nemours en suitte partit une nuit de Paris et se retira a Angers, de sorte que le roy ne deut plus doutter de s’armer puissamment pour y resister. Il me commanda de partir, et je m’en vins le lundy 29me jour de juin pour prendre congé de Sa Majesté et partir l’apres disnée.

Mais comme le matin j’entrois au Louvre pour cet effet, une femme me donna advis par un billet que monsieur et madame la Comtesse[1] estoint resolus de s’en aller la nuit prochaine et que monsieur le grand prieur et le comte de Saint Aignan s’en alloint avesques eux. Je rencontray peu de temps apres le chevalier d’Espinay[2] quy me confirma la mesme chose. Je montay a la chambre du roy et luy dis, et a Mr de Luynes, le double avis que je venois de recevoir. Ils me menerent cheux la reine quy s’habilloit, affin que, personne n’y entrant a cette heure là, ils me peussent plus longuement entretenir. Le roy s’en devoit aller ce jour là coucher a Madrid : il proposa de demeurer, d’envoyer querir Mr le Comte, et de l’arrester. Mr de Luynes, et moy, luy dismes que sur des avis incertains que je presentois comme ils me venoint d’estre donnés, et d’arrester une telle personne sans plus grandes preuves, ne me sembloit pas convenable, et que l’affaire meritoit bien d’estre pesée et desbattue devant que de la resoudre. Mr de Luynes luy conseilla de plus de n’interrompre point son voyage de Madrid

  1. Le jeune comte de Soissons, et la comtesse sa mère, à l’influence de laquelle il obéissait dans cette première rébellion.
  2. Le même que le commandeur. Voir t. I, p. 160.