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1620. juin.

avec. Là il fut longtemps agité ce qu’il seroit a faire. En mesme temps arriva Mr de Brantes quy luy dit que le roy luy envoyoit les chevaux legers[1]. Il me dit en fin : « Monsieur, puis que vous avés donné un sy important avis au roy, que vous semble il que l’on puisse et doyve faire sur ce sujet ? Dittes m’en vostre avis, [ou mesmes plusieurs avis][2], affin que nous en puissions choysir un quy soit utile au roy. » Je luy dis :

« Monsieur, je vous feray encores en cecy la mesme response qu’en plusieurs autres pareilles occasions j’ay desja faite, que n’ayant ny le maniement ny la connoissance des affaires du roy, je ne suis pas capable de donner un bon avis en l’air et d’une chose ou je ne vois ny le jour ny le fond. Je vous diray neammoins tous les avis qu’il me semble quy se peuvent prendre la dessus, desquels vous sçaurés choysir le meilleur et rejetter les autres. »

« Je pense qu’en cette affaire il faut parler en marchand et dire qu’il n’y a qu’a le prendre ou a le laisser, et qu’a le laisser il y a deux moyens : l’un, de le laisser partir sans luy rien faire ne dire ; et l’autre, de luy permettre aussy de partir, mais de luy faire sçavoir auparavant que l’on est fort bien adverty de son dessein, mais qu’il est indifferent au roy qu’il l’execute ou non. A le prendre, il faut que le roy luy mande qu’il le vienne trouver a Madrid, et là luy dire comme il est adverty qu’il a dessein d’aller trouver la reine mere,

  1. Brantes avait succédé à Filhet de la Curée dans la charge de capitaine-lieutenant des chevau-légers de la garde.
  2. Inédit.