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journal de ma vie.

et que pour cet effet il se veut asseurer de sa personne et le retenir pres de luy ; l’autre, faire investir son logis, le prendre et le mettre en tel lieu de seureté qu’il plaira au roy ; l’autre, de le prendre avec sa mere et le grand prieur quand ils sortiront de leur logis, ou bien quand ils viendront a la porte de la ville, ou bien a Villepreux[1] quand ils viendront au rendés vous quy leur est donné. »

« C’est maintenant a vous, Monsieur, de prendre et former deux avis : l’un, s’il est plus a propos de le prendre ou de le laisser aller ; l’autre, sy vous jugés qu’il le faille prendre, de faire le choix d’une des façons que je vous ay proposées, et l’executer promptement et seurement. »

Sur cela Mr de Luynes fut en plus grande incertitude que devant, et m’estonnay du peu d’ayde et de confort que ces autres messieurs là presens luy donnoint, quy se montroint aussy irresolus que luy. Sur cela madame la vidame[2] envoya dire a Mr de Chaunes que madame la Comtesse estoit venue cheux elle, et qu’elle luy prioit d’y venir. Mr de Luynes luy envoya en mesme temps et luy ordonna de prendre bien garde a sa contenance sy il pourroit point descouvrir son dessein. Nous demeurasmes cependant, attendant de ses nouvelles quy ne tarderent gueres a venir, par lesquelles il nous fit sçavoir qu’a sa mine et a ses discours il se fortifioit toujours davantage en l’opinion de sa prochaine fuitte. Allors Mr de Luynes plus perplexe que devant, se mit a la blasmer et a ne rien resoudre, ny

  1. Villepreux, à 3 lieues de Versailles.
  2. La vidame d’Amiens, femme de M. de Chaulnes.