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1620. juillet.

donnay en mesme temps quattre cens escus. Mr  de Fresnel me dit lors qu’il m’en pourroit fournir quasy autant des terres de Clermont, et je luy donnay autres quattre cens escus. J’envoyay en mesme temps querir messieurs de la ville ausquels je priay de me trouver le plus de soldats qu’ils pourroint en ce besoin, a un escu pour soldat : ils m’en fournirent quelque six vingts[1], et ainsy je remplis le regiment de Picardie en un instant. J’escrivis en mesme temps au bailly de Bar et luy envoyay de l’argent : il estoit mon amy et s’appelloit Couvonges[2], lequel fournit pres de trois cens soldats au regiment de Champaigne. Ils s’ayderent aussy a Vittry, Saint Disier, et ailleurs, et en trouverent. Ils envoyerent a la vallée d’Aillan[3] six sergens quy leur ammenerent trois cens soldats. J’envoyay a Troyes, Chalons, Reims et Sens pour faire en diligence amas de soldats pour nos trouppes et leur donnay l’allarme chaude de la necessité ou estoit le roy. Ainsy nous grossimes, en marchant, insensiblement nostre infanterie de telle sorte que je presentay au roy pres de la Fleche[4] huit mille hommes de pied en rang.

  1. Les précédentes éditions portaient : six cents.
  2. Antoine de Stainville, seigneur de Couvonges, fils de Charles de Stainville, seigneur de Couvonges, et de Françoise du Châtelet, bailli de Bar, était aussi capitaine des chevau-légers du duc de Lorraine et premier gentilhomme de sa chambre. C’est le même dont il est parlé t. I, p. 146, et t. II, p. 16.
  3. Vitry, dans la Marne ; Saint-Dizier, dans la Haute-Marne ; la vallée d’Aillant, dans l’Yonne.
  4. La Flèche, aux confins du Maine et de l’Anjou. Ce fut là que Bassompierre, à la tête des troupes qu’il avait rassemblées en Champagne et Bourgogne, fit sa jonction avec le roi qui marchait sur Angers après avoir remis la Normandie dans le devoir.