Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 2.djvu/175

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
1620. juillet.

sa chambre, ce quy me donna bonne esperance. Il vit bien que j’estois esmeu, et que par deffiance j’estois entré cheux luy ; il me dit : « Monsieur, le soubçon que vous avés que je suis fort serviteur de Mr d’Espernon est veritable ; mais ma foy est entiere : je suis serviteur du roy, né son sujet : j’y ay le serment auquel je ne manqueray jammais : je suis homme de bien, fiés vous en moy. » Allors je l’embrassay et luy dis que je luy fierois ma propre vie sur la parolle qu’il me donnoit, puis luy dis qu’il demeurat à la place avec la compagnie de Cominges et qu’il envoyat tenir prestes les autres, chascune en leur quartier ; car je me deffiois des habitans dont une partie sont huguenots et a la devotion de Mr de Boullon, les autres sont catholiques et ligueurs pour la vie. Puis j’allay en diligence a la porte et rencontray par le chemin l’eschevin [avesques les clefs][1], quy alloit ouvrir a monsieur le cardinal. Je l’arrestay et luy demanday par quel ordre il alloit ouvrir la porte. Luy, estonné, me demanda pardon, et moy je luy dis que je le ferois pendre dans une heure. Je le fis suyvre, mené par mes Suisses, et arrivé que je fus [a la porte][2] je trouvay que c’estoit Plaisance, celuy seul du regiment dont j’avois soubçon, quy la gardoit avec sa compagnie, et que quantité d’habitans estoint sur les remparts, quy disoint a Mr le cardinal de Guyse, lequel estoit sur le pont, que l’eschevin seroit là a l’heure mesme pour luy ouvrir. Je fis d’abbord escarter ces habitans, et

  1. Inédit.
  2. Inédit.