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1620. juillet.

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a la place et vis que Pigeolet avoit mis là et en tout le reste de la ville un tres bon ordre : aussy estoit ce un brave et entendu capitaine, et tres homme de bien.

J’emmenay l’eschevin en mon logis, lequel pensoit que le lendemain matin quy estoit le dimanche 12me je le ferois pendre : mais à la priere que ceux de la ville m’en firent, je leur rendis apres leur avoir fait quelque reprimande.

Je fis le mesme jour prendre la route de Montereau au regiment de Champaigne, et je demeuray encores ce jour là a Vittry, tant pour achever mes despesches et departemens que pour jouir de la compagnie de cette noblesse quy m’estoit venue voir.

J’en partis le lendemain lundy 13me et vins coucher a Poivre ou un gentilhomme huguenot nommé Despence me vint voir. Il souppa avesques moy, et apres soupper, l’ayant mené au jardin du gentilhomme ou j’estois logé, il me demanda s’il me pouvoit parler en seureté. Je luy dis que ouy et qu’il me parlat librement. Il me dit qu’il estoit party de Sdan le jour d’apres que je partis de Sainte Menehou, envoyé par Mr  de Boullon pour me parler, lequel avoit sceu l’ordre que j’avois pris pour faire marcher l’armée en extreme diligence, et le soin que j’avois de la renforcer d’hommes, ce qu’il avoit extremement approuvé et loué, disant beaucoup de bien de moy ; mais qu’il s’estonnoit grandement pourquoy je faisois toutes ces diligences, et quelle animosité me portoit contre la reine mere, quelle obligation sy forte j’avois a Mrs  de Luynes, et qu’il ne s’agissoit pas maintenant d’attaquer le roy ou l’estat, mais de sçavoir sy l’un et l’autre seroit gouverné par celle quy avoit sy bien regy le reaume pen-