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journal de ma vie.

pourquoy. Quand le cry fut appaysé, je leur dis que ce n’estoit pas tout que d’avoir crié : Vive le roy, qu’il falloit donner ordre que ceux du chasteau quy l’avoint entendu ne fissent une sortie sur eux, et qu’il falloit barricader l’advenue, et que s’ils vouloint, je ferois entrer cent hommes de pié pour la faire[1] et pour la garder, ce qu’ils accorderent. Il estoit grand jour quand cette compagnie entra, quy peut bien estre veue des ennemis, lesquels neammoins ne tirerent point sur nous : car la pitié qu’Escluselles eut de sa femme et de son bien, le peu de preparatifs que Vismay vit y avoir dans le chasteau pour soustenir un siege, leur fit tomber les armes des mains, de sorte que Vismay fit faire une chamade et me demanda seureté pour me venir trouver, et il me remit la place entre les mains, ou j’establis le capitaine Saint Quentin[2], du regiment de Picardie, gardant le respect convenable aux meubles et munitions quy appartenoint a Mr le Comte.

Des que j’eus disné, je montay sur des coureurs et allay en diligence au rendés vous que j’avois donné a ces trois cens chevaux pres d’Annet. Puis ayant parlé a madame de Mercure, elle monta demie heure apres en carrosse avesques les enfans de Mr de Vandosme que je fis mener a Paris entre les mains de la reine par la compagnie de chevaux legers de ladite reine.

  1. La barricade.
  2. Le capitaine Saint-Quentin périt devant Montauban, par l’explosion d’une mine, le 24 octobre 1621. Bassompierre, dans la suite de ses mémoires, raconte cet événement qui fit éprouver de grandes pertes au régiment de Picardie.