Page:Bassompierre - Journal de ma vie, 2.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
191
1620. aout.

venu avesques nous y fut blessé au bras, et quelques [uns de nos] chevaux [blessés][1]. La cavalerie des ennemis estoit en deux gros quy faisoint ferme, ayans devant eux quelque soissante carabins quy marchoint en SS[2]. Nous resolumes de chasser avant toutes choses les ennemis de cette haye, et en mesme temps marcher, et ayant demandé a Mr  de Crequy ou il luy plaisoit de placer les gardes (parce qu’elles ont toujours le choix), il choysit la main droitte : je mis le regiment de Picardie a la gauche et celuy de Champaigne au millieu. Mais peu apres Mr  de Crequy reconnoissant habilement que le foible de l’infanterie estoit le costé droit, que l’advenue d’Angers estoit de ce costé là, qu’il n’attaqueroit que par un coin, et que son attaque seroit beaucoup plus belle par le millieu, demanda que le regiment des gardes eut le millieu ; par ainsy la main droitte dudit regiment appartenoit a Picardie[3] et la gauche a Champaigne. Pour cet effet je dis a Mr  Zammet mestre de camp de Picardie qu’il fit a droitte et puis marchat pour se venir mettre a la droitte des gardes, et creus qu’il ne manqueroit aux ordres de guerre qui veulent qu’en presence des ennemis les motions[4] se facent en marchant derriere les battaillons quy sont desja en battaille pour en estre couverts pendant que l’on est obligé de montrer le flanc. Mais luy par presumption, inadvertance, ou ignorance, ou tous les trois, passa par devant les

  1. Inédit.
  2. En zig-zag. — Il y avait : ensuite.
  3. À cause du rang supérieur du régiment de Picardie.
  4. Les mouvements.