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journal de ma vie.

pour prendre langue de leurs logemens et de leur routte : mais ils vindrent dire a monsieur le mareschal qu’ils estoint si fort harassés des deux jours precedens ausquels il leur avoit fallu estre continuellement a cheval, qu’il leur estoit impossible de pouvoir choisir dans tout leur corps vingt chevaux quy peussent faire cette courvée. Monsieur le mareschal s’estonna de cette harangue peu coustumiere d’estre faite par des chevaux legers, et moins au commencement d’une guerre : je m’offris d’y aller avesques vingt chevaux s’il me le vouloit permettre, et au refus qu’il m’en fit, je luy dis qu’il m’avoit fait la faveur de me donner le commandement d’un regiment de grosse cavalerie composé des compagnies de Lorraine, Vaudemont, Montbason, et la Chastre, lesquelles tiendroint a honneur d’estre employées aux courvées que les chevaux legers ne voudroint ou pourroint faire, et que je le suppliois qu’il me donnat la commission d’y envoyer dix gensd’armes de la compagnie de Mr de Lorraine et dix de celle de Mr de Vaudemont.

Il le trouva tres bon, et a l’heure mesme j’envoyay l’ordre par Lambert a la premiere et par Des Estans a l’autre, quy m’en prierent et de trouver bon qu’ils y allassent avec eux.

Ces deux trouppes nous vindrent faire rapport de ce qu’ils avoint peu descouvrir du logement des ennemis, de la routte qu’ils tenoint, et de leur ordre : mais celle que Mr de Couvonges avoit menée nous dit de plus que les gens ausquels commandoit Mr du Maine, et sa personne mesme, estoint logés au deça du marais de Saint Gon, lequel ils leur avoint veu passer en un lieu ou un homme a peine, bien monté, s’en pouvoit retirer,