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1615. octobre.

leur armée le marais de Saint Gon a Pleurs[1] ou il y a une chaussée, affîn de mettre ledit marais entre eux et nous pour pouvoir en seureté aller gaigner la riviere de Seine et la passer avant que nous nous peussions opposer a leur passage.

Sur cet avis conforme aux apparences nous nous mismes en estat de donner battaille, en cas qu’ils se presentassent, le samedy matin 10me : mais les mesmes cinq gros parurent seulement sur le mesme tertre qu’ils avoint fait le jour precedent, ce qu’ils ne firent a autre dessein que pour nous cacher le passage de leur armée sur la chaussée de Pleurs ; ce qu’ils continuerent encores le dimanche 11me : mais nous ne mismes nostre armée en battaille, ainsy que le jour precedent, a cause du mauvais temps, nous contentans de leur opposer nostre cavalerie. Ils se retirerent de meilleure heure ce jour là qu’ils n’avoint fait le precedent, pour aller rejoindre leur armée quy avoit fait une grande traitte pour arriver a Mery sur Seine[2] et passer avant qu’ils nous puissent avoir sur les bras.

Nous ne sceumes que la nuit leur passage[3] et deslogement, et le lendemain lundy 12me nous vinsmes prendre nostre logement a Barbonne. En partant le matin de Sesanne les chevaux legers eurent ordre d’envoyer vingt chevaux a la queue de l’armée[4]

  1. Pleurs, village du canton de Sézanne (Marne).
  2. Méry-sur-Seine, chef-lieu de canton de l’arrondissement d’Arcis-sur-Aube, département de l’Aube. Les ennemis, pour arriver à Méry, devaient d’abord passer l’Aube.
  3. Leur passage de l’autre côté du marais.
  4. De l’armée des princes.