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journal de ma vie.

disner et souper, et quy luy servoit de seconde table et de descharge a la sienne, requeroit ma presence par bienseance ;

Que je ne faisois autre response a sa quatrieme plainte sinon que l’effet avoit demontré que je donnois un bon conseil au roy puis qu’il luy avoit fait suyvre punctuellement ;

Que finalement j’estois bien malheureux sy les bons services que je rendois au roy et quy luy donnoint cette bonne impression de moy, me tournoint a crime, et que je devois attendre un rude chastiment sy je faisois quelque faute veu que mes grands services estoint improuvés, et que s’il me vouloit prescrire et regler quelque forme de vie, je l’observerois sy punctuellement qu’il auroit a l’avenir sujet de croyre que je n’aspirois en quelque façon que ce soit a empieter les bonnes graces du roy que par mes services et par son moyen ; et que j’estimois sy peu, et craignois sy fort une faveur d’un prince cousue[1] d’inclination, que sy elle estoit par terre devant mes piés, je ne me daignerois pas baisser pour la relever.

Ces messieurs me dirent qu’ils feroint entendre a Mr de Luynes mes justes excuses sur ses injustes accusations, des le jour mesme s’ils pouvoint, sinon le lendemain 26me a Blayes ou le roy alla coucher ; qu’ils m’en rendroint response, ce qu’ils firent et me dirent qu’ils voyoint bien que Mr de Luynes avoit pris une sy forte ombrage de moy qu’il ne me pouvoit souffrir a la court, et que sy je m’en voulois eslongner, qu’il me

  1. Les précédentes éditions portaient : conçue.