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1621. mars.

d’Ivarra. Je fus sur le soir au Prado, et a mon retour je donnay la comedie aux dames et seigneurs.

Le lundy 22me le comte de Benavente se trouva mal, ce quy l’empescha de venir cheux moy conferer, et n’y eut que don Baltasar de Suniga, le regent Caymo et don Jouan de Seriça, quy ammenerent aussy Mr l’archevesque de Pise pour entremetteur ainsy qu’il avoit esté convenu. Nous conferames plus de trois heures ensemble sans toutefois nous approcher de la conclusion, chascun se tenant sur la sienne. En fin nous nous separames, et monsieur l’ambassadeur et moy fismes nostre despesche au roy l’apres disner.

L’on nous manda le soir que le roy se trouvoit un petit mieux, ce quy nous permit de faire encores cette fois jouer la comedie.

Le mardy 23me le roy eut un grand redoublement a sa fievre et on commença d’en apprehender le succes. Il eut plusieurs vomissemens avec un flux de ventre, accompagnés d’une grande melancolie que luy causoit une opinion qu’il avoit de mourir : ce quy fut cause que messieurs les commissaires s’excuserent de me venir trouver.

Je fus voir le matin le comte de Benavente quy s’excusa sur sa maladie de ne pouvoir assister le lendemain a nostre conference. Je vis aussy don Baltasar de Suniga quy prit heure avec moy pour le lendemain matin, de venir avesques les autres commissaires pour continuer le traitté ; ce qu’ils firent le mercredy 24me avesques monsieur l’ambassadeur ordinaire et moy : puis en suitte je fus voir l’auditeur du nonce et les ambassadeurs de Venise et de Savoye pour leur donner part de tout ce quy s’estoit passé en cette