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journal de ma vie.

monsieur l’ambassadeur ordinaire quy me vint trouver le lendemain matin mardy 6me, et apres la messe je trouvay dans les cloitres don Baltasar quy nous y attendoit. Il me dit qu’il me prioit de l’excuser s’il ne continuoit d’estre un des commissaires pour traitter avesques moy ; que la charge generale des affaires d’Espaigne, qu’il avoit lors, l’en dispensoit legitimement, principalement en cette sayson ou il en estoit accablé ; mais qu’il me serviroit mieux et a mon expedition que s’il estoit mon commissaire, et qu’il m’en donnoit cette foy et parole d’ancien amy que nous estions ensemble de sy longue main. Il me dit de plus que le comte de Benavente estoit oncle du duc de Feria et par consequent porté a la manutention de la Valteline par les interets de son neveu, ce quy le mettoit en peine, et qu’il tramoit de nous l’oster pour commissaire et nous en donner un autre quy nous fut aggreable ; et sur cela m’en nomma trois ou quattre dont il me laissa le choix pour me tesmoygner comme il vouloit, me disoit il, l’accomplissement de nostre œuvre[1] et non la destruction. Je luy rendis mille graces de sa bonne volonté et puis luy dis que puis qu’il m’offroit sy franchement son assistance et son ayde, que je luy demandois encores son conseil, et qu’il choysit pour commissaire celuy qu’il penseroit[2] nous estre plus propre[3]. Il me dit que puis que je me fiois en luy, qu’il ne tromperoit point ma franchise ny ma confidence, et qu’il me conseilloit de me contenter des deux quy me restoint, assavoir le regent

  1. Il y avait aux précédentes éditions : envie.
  2. Il y avait : pensoit.
  3. Il y avait : propice.